L'orgue à couleurs
J'ai été membre d'une organisation Nouvel Âge pendant 18 ans
et je l'ai quitté le jour où je me suis rendue compte que c'était de
la frime. Comme je préfère en taire le nom, je vais l'appeler l'Ordo dans la suite mon texte.
Voici ma preuve que le fondateur de cette organisation était un imposteur, ce qui va décevoir les groupes de dissidents qui le mettent sur un piédestal, parce qu'il y en a. Comme amateure de grand orgue, je ne pouvais pas ne pas en parler. Après une telle démonstration, les doutes que j'avais encore se sont éteints définitivement. C'était trop gros!
Un orgue à couleurs est un grand orgue où pour chaque note jouée, on voit la couleur correspondante. C'est ce que dit une documentation que reçoivent les membres après plus de 11 ans. On y parle en même temps de l'unique représentation, au début des années 30, où deux chanteuses ont accompagné l'instrument et où les gens ont pu voir une féérie de couleurs, en même temps que les effets de la voix humaine combinée à l'orgue. Aucune illustration pour appuyer le discours, ce qui laisse toute la place à l'imagination et à la désinformation.
J'avais entendu parler plusieurs fois de cet orgue à couleurs dans l'Ordo. On se faisait dire qu'il ne restait rien d'autre qu'un vague article de journal paru dans les années 30 que personne n'avait vu.
L'inventeur étant le fondateur de l'Ordo, j'avais toujours eu de la difficulté avec. Concevoir et réaliser un orgue, ça demande un certain travail d'ingénierie et d'acoustique. Ce n'est pas à la portée du premier venu. Ça coûte aussi les yeux de la tête. On ne détruit pas gratuitement quelque chose d'aussi cher et indémodable.
En
faisant une recherche sur internet, je suis tombée par hasard sur le
sujet avec photo (ci-contre, prise sur le site web référé ci-après). Je ne vous donne pas de liens ni d'indices pour
retrouver la place: on obtiendrait directement l'identité de l'Ordo. Et
puis zut! Cherchez un anagramme de xalutone, si vous le trouvez. C'est un des sites. Pour ma part, je cherche encore les tuyaux et le buffet : ça ressemble pas pantoute à un grand orgue. C'est de la fausse représentation.
On peut représenter toutes les couleurs de la lumière visible selon des proportions diverses des trois couleurs rouge, verte et bleue. C'est un principe de physique qu'on connaît depuis le XIXème siècle (le physicien James Clerk Maxwell si vous tenez à ce niveau de détail). L'écran sur lequel vous êtes en train de me lire est basé sur ce principe. Chacun des pixels est un assemblage de ces trois couleurs rouge, verte et bleue. Un écran de 800x600 pixels en a 800x600, soit 480 000 fois chaque couleur. Des centaines de milliers. Or, ce qu'on présente comme orgue à couleurs est un immense écran triangulaire en verre blanc translucide où une seule couleur à la fois est possible puisqu'il n'y a qu'une seule ampoule rouge, une seule verte et une seule bleue, chacune dans un des coins. Autrement dit un gros et unique pixel. L'appareil a un microphone et transforme la fréquence sonore de l'unique note possible dans son unique couleur visible correspondante selon un principe élémentaire de physique (on double la fréquence jusqu'à ce qu'on voit une couleur). Aucun grand orgue nulle part! Si j'ajoute que seulement une dizaine de notes audibles ont une couleur visible correspondante alors qu'un grand orgue couvre 11 octaves (donc, 132 notes), qu'il fait des accords et est très riche en harmoniques, ce qui implique de nombreuses notes simultanées, sans compter les jeux (variations de timbre) qui donnent autant de nuances, on a devant soi un appareil singulièrement limité pour la folie de couleurs que ça implique et évoquée dans la monographie, et dans le communiqué de presse de l'époque, disponible sur un des sites du xalutone si vous réussissez à le trouver. On va jusqu'à suggérer des peintures en musique et des paysages! Et le tout est présenté comme des enseignements traditionnels de l'Ordo comme si la physique lui était redevable.
S'il y a eu vraiment un grand orgue lors de l'unique représentation, il n'aura servi à rien d'autre qu'à de la mise en scène, l'imagination des spectateurs faisant le reste.
En supposant que l'Ordo conteste ce que j'ai écrit, je l'attends. Je me suis validée auprès d'un doctorant en physique et d'un organiste professionnel.
© Michèle Dessureault, 2007, 2018
Voici ma preuve que le fondateur de cette organisation était un imposteur, ce qui va décevoir les groupes de dissidents qui le mettent sur un piédestal, parce qu'il y en a. Comme amateure de grand orgue, je ne pouvais pas ne pas en parler. Après une telle démonstration, les doutes que j'avais encore se sont éteints définitivement. C'était trop gros!
Un orgue à couleurs est un grand orgue où pour chaque note jouée, on voit la couleur correspondante. C'est ce que dit une documentation que reçoivent les membres après plus de 11 ans. On y parle en même temps de l'unique représentation, au début des années 30, où deux chanteuses ont accompagné l'instrument et où les gens ont pu voir une féérie de couleurs, en même temps que les effets de la voix humaine combinée à l'orgue. Aucune illustration pour appuyer le discours, ce qui laisse toute la place à l'imagination et à la désinformation.
J'avais entendu parler plusieurs fois de cet orgue à couleurs dans l'Ordo. On se faisait dire qu'il ne restait rien d'autre qu'un vague article de journal paru dans les années 30 que personne n'avait vu.
L'inventeur étant le fondateur de l'Ordo, j'avais toujours eu de la difficulté avec. Concevoir et réaliser un orgue, ça demande un certain travail d'ingénierie et d'acoustique. Ce n'est pas à la portée du premier venu. Ça coûte aussi les yeux de la tête. On ne détruit pas gratuitement quelque chose d'aussi cher et indémodable.
On peut représenter toutes les couleurs de la lumière visible selon des proportions diverses des trois couleurs rouge, verte et bleue. C'est un principe de physique qu'on connaît depuis le XIXème siècle (le physicien James Clerk Maxwell si vous tenez à ce niveau de détail). L'écran sur lequel vous êtes en train de me lire est basé sur ce principe. Chacun des pixels est un assemblage de ces trois couleurs rouge, verte et bleue. Un écran de 800x600 pixels en a 800x600, soit 480 000 fois chaque couleur. Des centaines de milliers. Or, ce qu'on présente comme orgue à couleurs est un immense écran triangulaire en verre blanc translucide où une seule couleur à la fois est possible puisqu'il n'y a qu'une seule ampoule rouge, une seule verte et une seule bleue, chacune dans un des coins. Autrement dit un gros et unique pixel. L'appareil a un microphone et transforme la fréquence sonore de l'unique note possible dans son unique couleur visible correspondante selon un principe élémentaire de physique (on double la fréquence jusqu'à ce qu'on voit une couleur). Aucun grand orgue nulle part! Si j'ajoute que seulement une dizaine de notes audibles ont une couleur visible correspondante alors qu'un grand orgue couvre 11 octaves (donc, 132 notes), qu'il fait des accords et est très riche en harmoniques, ce qui implique de nombreuses notes simultanées, sans compter les jeux (variations de timbre) qui donnent autant de nuances, on a devant soi un appareil singulièrement limité pour la folie de couleurs que ça implique et évoquée dans la monographie, et dans le communiqué de presse de l'époque, disponible sur un des sites du xalutone si vous réussissez à le trouver. On va jusqu'à suggérer des peintures en musique et des paysages! Et le tout est présenté comme des enseignements traditionnels de l'Ordo comme si la physique lui était redevable.
S'il y a eu vraiment un grand orgue lors de l'unique représentation, il n'aura servi à rien d'autre qu'à de la mise en scène, l'imagination des spectateurs faisant le reste.
En supposant que l'Ordo conteste ce que j'ai écrit, je l'attends. Je me suis validée auprès d'un doctorant en physique et d'un organiste professionnel.
© Michèle Dessureault, 2007, 2018
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