Les caractères chinois -I-

Les six articles sur les caractères chinois sont une version adaptée d'une série d'articles signés par moi et parus dans Méninges, bulletin de liaison de Mensa Québec.

Durant les trois années où j'ai vécu à Hull (Québec, Canada), j'ai suivi un an de chinois mandarin à l'Université d'Ottawa. Notre professeur, monsieur Ma, nous enseignait les caractères classiques. En Chine communiste, on utilise une forme simplifiée de ces caractères, mais la forme classique est restée celle de la diaspora.

Par cette rubrique qui va revenir de temps en temps, je voudrais vous donner un avant-goût des caractères chinois en général et de certains en particulier. J'espère que ça vous intéressera.

Une écriture pleine de caractères !

Il y a autour de 50 000 caractères chinois. Mais rassurez-vous ! Moins de 5 000 sont nécessaires pour lire un journal. Ce qui veut dire que les 45 000 autres qui restent sont rares. Un Chinois les verra peut-être une fois dans sa vie et en devinera le sens par le contexte ou pire, le cherchera dans un dictionnaire, s'il le trouve (je pourrais revenir à un moment donné sur la recherche de mots dans un dictionnaire chinois).

Les caractères chinois étaient à l'origine idéographiques. C'est-à-dire qu'un caractère représentait un objet. Par exemple, (soleil) et yuè (lune)Sauf que cette méthode s'est avérée très rapidement limitée pour représenter les objets non concrets. Aussi l'habitude s'est prise soit de regrouper des caractères de sens apparentés pour exprimer un nouveau sens (ex : donne le caractère míng (lumière)), soit d'utiliser un caractère ayant une prononciation rapprochée et lui adjoindre d'autres pour en préciser le sens (ex : kǒu (bouche) et (sol, terre) donnent le caractère (cracher)). D'autres méthodes existent, mais ce sont les plus répandues. Je reviendrai là-dessus lorsque je présenterai des caractères particuliers.

À titre d'anecdote, une des méthodes (la plus marginale) est reliée à l'intouchabililité de certaines icônes historiques, telles Kǒng Fūzi (Confucius) ou Máo, qui se sont trompés en écrivant certains caractères et qu'on a jamais voulu contrarier. D'où que c'est la faute d'orthographe qui est devenue la tradition.

Les caractères chinois sont aussi monosyllabiques. C'est-à-dire que la prononciation d'un caractère correspond à une syllabe phonétique et rien de plus. Je veux dire que si un mot a trois syllabes, on va l'écrire avec trois caractères. Il y a des exceptions mais celles-ci ne sont apparues que tout récemment, au XXième siècle, et sont très spécialisées, toutes reliées à la technologie moderne. Parce que les Chinois continuent d'inventer de nouveaux caractères quand le besoin se fait sentir.

Un caractère difficile !

La prononciation est d'ailleurs la difficulté majeure de l'écriture chinoise parce que les caractères n'en donnent aucune idée et que les Chinois sont les premiers à s'en plaindre. Il n'y a pas que les exceptions à deux syllabes. Ainsi, un même caractère peut avoir une prononciation différente dans deux mots différents et ceci est assez fréquent. Par exemple : (grand) se dit dài dans 大夫 dàifū (médecin).

Une autre difficulté tient à l'absence de ponctuation. L'usage de celle-ci s'est imposée à notre siècle sous l'influence occidentale. Mais, une difficulté subsiste. Dans nos langues, on sépare deux mots par un espace blanc. En Chinois, il n'y a pas de séparation spéciale entre deux mots.

Les caractères se composent de traits tracés au pinceau dans un carré abstrait. On distingue dix grandes sortes de traits : horizontal, vertical, crochets divers, etc. Le nombre et la forme de ces traits est importante sinon vous faites une faute d'orthographe. Il y a quelques principes d'établis concernant l'ordre dans lequel on les trace pour améliorer la vitesse et l'efficacité d'écriture et on peut les assimiler facilement. Par exemple, un trait horizontal se trace avant un trait vertical qui le croise (l'inverse de nous). Essayez de tracer une croix selon cet ordre. Au début on est mal à l'aise. Vous m'en direz des nouvelles !

Une convention dite pinyin pour la prononciation a été élaborée dans les années 50 en Chine communiste et a fini par s'imposer un peu partout dans le monde. C'est celle que j'ai utilisé dans cet article. Si vous ciquez sur le lien en début de paragraphe, vous aurez une série de tableaux explicatifs pour son utilisation. 

© Michèle Dessureault, 1998, 2018

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