Les caractères chinois -IV-

Je reprends dans ce numéro la série d'articles sur les caractères chinois. Pour me faire pardonner mon absence, je vais vous parler d'un sujet qui rend toujours le monde heureux : soit le sexe ...et ses conséquences.

La sainte famille

Les Chinois, comme beaucoup de peuples, font une différence entre les femmes, les hommes ...et le genre humain. Ceci n'est pas naïf. Rappelez-vous qu'en français et en anglais, on utilise le même mot, soit homme pour à la fois l'être humain et l'être humain de sexe masculin. Les Chinois ont été assez sages pour avoir un mot générique pour l'espèce, soit rén, alors que la moitié masculine se dit nán et la moitié féminine se dit.

Les deux extrêmes sont parmi les caractères les plus simples de la langue. Ainsi, , rén, un petit bonhomme qui marche, représente facilement n'importe quel être humain alors que, , donne une certaine idée du rôle traditionnel des femmes chinoises. En effet, tout le monde sait qu'une femme, c'est assis par terre avec une planche sur ses genoux, à tisser la soie ou à préparer les repas.

Pour l'homme, c'est plus compliqué puisque le caractère , nán, résulte de la combinaison de deux autres, par ailleurs utilisés de façon indépendante. Le premier de ces deux caractères est , tián, lequel symbolise des champs en parcelles et c'est d'ailleurs sa signification : champ. Le second est , , force, qui avant l'usage du pinceau était beaucoup plus près du dessin de muscles avec leurs tendons. Ici aussi, le caractère évoque le rôle traditionnel du mâle chinois, avant tout considéré comme quelqu'un ayant assez de force physique pour cultiver un champ.

Enfin, quand une femme et un homme se rencontrent, il leur arrive de faire un , , c'est-à-dire un fils. L'enfant chinois était langé et c'est un peu ce que ça évoque, soit une tête et des petits bras qui sortent d'un paquet de langes. Un couple chinois pouvait quand même avoir une fille, mais ici encore, on voit la place de celles-ci dans la culture traditionnelle chinoise où il n'y a pas vraiment de mot pour les désigner. En fait, c'est simplement un diminutif du mot femme. Pas important. En revanche, il y a des fils partout. Le caractère est omniprésent en chinois à cause de -zi, un suffixe très actif, ayant la même prononciation au ton près et qu'on a fait le choix d'écrire avec le même caractère.

Enfin, rentre dans la composition de caractères plus complexes. Par exemple, pour rester dans la même veine misogyne, le caractère , hǎo, bon, se compose d'une femme et d'un fils parce qu'une femme qui s'occupe de son fils, c'est la bonté incarnée.

© Michèle Dessureault, 2000, 2018

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