Hommage à ma moman (1921-2017)

Voici l'hommage que j'ai rendu à ma mère Françoise (1921-2017) lors de ses funérailles.
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Ma mère Françoise était une femme à la fois très vigoureuse et très créatrice.

Pour ce qui est de la vigueur, elle a survécu il y a 36 ans à un anévrisme au cerveau. Les médecins ne lui donnaient que quatre-cinq ans d’espérance de vie. Elle en a fait trente-six. Les six-sept dernières années, elle a survécu à quatre pneumonies. Elle riait de la maladie. Finalement, elle est partie à 95 ans comme un petit poulet. Elle a eu trois extrêmes-onctions: à son anévrisme, à sa première pneumonie et trois jours avant sa mort. Sauf pour la dernière fois, faut croire que ce sacrement lui portait chance.

Concernant la création, elle a fait longtemps de la peinture à l’huile. J’étais enfant, au début des années 60, et elle s’était équipée. Elle aurait aimé faire les Beaux-Arts. Sauf qu’aînée de sa famille, ses parents voulaient plutôt la garder à la maison comme poteau. Elle est sortie de la maison en épousant mon père. Les deux étaient déjà dans la trentaine. Pour revenir aux beaux-arts, elle s’est reprise par la suite. Elle a fait longtemps de la copie juste pour se familiariser avec les techniques. Elle avait beaucoup de talent. C’était partagé avec un de ses frères, Gustave, et une de ses sœurs, Thérèse. Les trois étaient très liés. Quand elle a eu son propre argent, dans les années 70, elle s’est payé des cours avec Francesco Iacurto. Celui-ci lui trouvait beaucoup de talent pour le portrait. Et en plus de l’huile, elle s’est lancée dans le pastel.

Les années 70 ont été un véritable épanouissement artistique pour elle. En plus de l’huile et du pastel, elle s’est mise à faire du macramé, ceci au début de la mode. Elle a donné pendant dix ans des cours de macramé aux Loisirs de la ville de Ste-Foy. Membre des Fermières, elle participait régulièrement à leurs concours provinciaux annuels et s’est souvent rendue au Premier ou deuxième prix de la province, soit en macramé, soit en peinture à l’aiguille, qui est une sorte de broderie. Parce qu’elle avait ce talent-là aussi. Ça prend un œil de peintre pour faire de la peinture à l’aiguille.

Toute sa créativité s’est éteinte avec son anévrisme. C’est la partie du cerveau qui a été touchée. Rien n’est redevenu comme avant. Elle était restée seulement 70% lucide et un de ses côtés était resté en partie paralysé. La limitation était très difficile à vivre pour elle. Et pour nous aussi ses enfants, surtout après le décès de mon père Gérard, il y a 25 ans. En l’an 2001, un diagnostic de démence vasculaire est tombé en plus sur sa tête. En perte d’autonomie, vulnérable, il a fallu la placer.

Une très longue vie. Presque centenaire, où elle a eu le temps de voir pousser ses petits-enfants et de voir arriver un arrière-petit-fils. Je parlais de son frère Gustave, tout à l’heure, dont elle était très proche. Celui-ci nous a laissé moins d’un mois avant sa sœur et nous avions caché son décès à notre mère. Ç'aurait été son coup de mort. Elle est partie le rejoindre quand même. Maman, dans ton nouvel univers, je te souhaite tout plein de belles peintures à l’huile avec Gustave et Thérèse ainsi que du pastel, du macramé et de la peinture à l’aiguille.

© Michèle Dessureault, 2017, 2018

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