Musique carnatique

La musique carnatique, c'est la musique classique du sud de l'Inde. Elle est moins connue que la musique du Nord, la musique hindoustanie, dont Ravi Shankar est le plus célèbre représentant. Personnellement, entre les deux, c'est celle que je préfère. J'aimerais vous la faire connaître.

Autant la musique carnatique que la musique hindoustanie ont les mêmes origines et beaucoup de points communs. La rupture s'est faite lors de l'invasion de l'Inde par les musulmans au Moyen-Âge. La musique du nord a subi l'influence de la musique persane alors que la pointe de l'Inde a continué sa propre évolution. Les bases modernes ont été établies par la Trinité, surnom donné aux trois musiciens et compositeurs Thyagaraja Swami (1767-1847), Shyama Shastri (1762-1827) et Muthuswami Dikshitar (1776-1827). Les trois étaient des contemporains et, vivant dans des temples hindouïstes, leur répertoire a été principalement religieux et dévotionnel. Ils sont considérés comme des saints.

Comme la musique hindoustanie, elle est basée sur le principe des ragas, qui sont des modèles d'improvisation mélodiques, et des talas, qui est la structure rythmique. Elle a le même octave chromatique formé de 22 sons. Toutefois, elle n'a pas les mêmes ragas qu'au nord et l'ornementation caractéristique, au lieu du glissando, est le mordant ainsi que certaines oscillations contrôlées ne dépassant pas la tierce mineure. L'improvisation ne se fait pas de la même façon non plus, quoiqu'il y ait des éléments communs, et les instruments traditionnels sont différents: vina (image ci-dessus) au lieu de sitar, mridangam au lieu de tabla. C'est une musique très subtile : la première pièce que j'ai entendue, ça m'a pris plusieurs écoutes avant de distinguer la courbe mélodique.

Une expérience qui m'a marquée concernant cette musique s'est produite en 1989 lors de l'inauguration du Musée de la Civilisation à Ottawa. Il y avait une pièce de théâtre, Krishnadev, un drame bouddhique. L'auteur était un professeur de l'Université d'Ottawa d'origine indienne. Résumé de l'histoire : Krishnadev, la fille du roi, veut épouser le sculpteur qui saura exprimer la vraie nature du Bouddha sinon elle devient bonne soeur. Panique des parents, qui veulent la voir mariée et avec quelqu'un de son rang. Comme aucun des sculpteurs ne réussit l'épreuve elle rentre au couvent. Fin de l'histoire. Ce genre de théâtre s'appelle du Bharatanatyam. Il y a un petit orchestre avec les instruments traditionnels et quelqu'un qui chante l'histoire. Les personnages ne sont pas interprétés par des acteurs mais par des danseuses déguisées qui combinent mime et danse pure. Le décor est minimal.

Ce qui m'a amené à m'y intéresser de si près? À une certaine époque, j'avais commencé à écrire un livre dans le genre du Seigneur des anneaux mais se déroulant dans une civilisation imaginaire, qui tenait à la fois de la civilisation chinoise par certains côtés et de celle de l'Inde ancienne par d'autres, tout simplement. Mes héros étaient des troubadours. La musique carnatique, que je découvrais à cette époque, et ses possibilités, s'intégrait le mieux à ce que je recherchais pour mon histoire.  

Voici quelques liens pour vous permettre d'en savoir plus, si ça vous intéresse :

    http://www.karnatik.com
    http://www.carnatic.com
    http://www.carnaticcorner.com
    http://www.shivkumar.org/music/index.html. Ce site contient les partitions de plusieurs œuvres classiques. Il y a des fichiers audio mais point de vue qualité sonore c'est franchement pourri. Si la pièce est disponible sur Youtube ou Spotify, n'hésitez pas.
    http://www.raagarasika.net. Ce site contient une série de 80 capsules en ballado-diffusion publiées dans les années 2000 par une chanteuse et pédagogue du nom de Vidya Subramanian avec l'aide d'un informaticien appelé Devesh Satyavolu.

Des musiciens peuvent être écoutés sur Youtube. Des exemples que j'ai en tête: la vinaiste Rajeswari Padmanabhan, le mandoliniste U. Srinivas, les chanteuses Priya Sisters, le saxophoniste (hé oui!) Kadri Gopalnath.

Et pour terminer, la pièce Kana Kanaruchira, composée par Tyagaraja et supposément très célèbre. Elle a été écrite dans un raga appelé le raga Varali, un des plus anciens. Celui-ci aurait été inventé il y a environ 1000 ans. Son échelle: (ascendante) do, mibb, do#, mibb, fa#, sol, sol#, si, do, (descendante) si, sol#, sol, fa#, mibb, do#, do. Il y a trois tritons (do-fa#,  do#-sol et mibb-sol#), deux demi-tons chromatiques (do-do# et sol-sol#) et un tiers de ton (do#-mibb).



La photo est une numérisation de la pochette du disque The Pulse of Tanam, Ghana Raga Panchakam, Nonesuch H-72032, M. Nageswara Rao, vina. Un de mes premiers disques de cette musique.

© Michèle Dessureault, 2006, 2018

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