Réflexion sur les femmes qui m'ont précédées
En cette journée internationale des femmes 2020, j'aimerais mettre par écrit une réflexion initiée il y a plusieurs années par une de mes tantes, sœur de mon père. Qu'est-ce qu'aurait fait sa mère (ma grand-mère paternelle) si elle avait eu le choix d'être autre chose qu'une femme au foyer?
Ma grand-mère, une vraie canadienne française de l'époque, a régné sur une famille de quinze (15) enfants plus un mari. Elle devait être très organisée. Elle a développé des compétences concernant les ressources humaines (assigner des tâches aux enfants pour arriver là où elle était débordée), les finances et le budget (mon grand-père était peintre en bâtiment et cherchait l'argent). C'est facile d'être un génie de la monnaie en situation d'abondance mais en situation de pénurie, c'est là que les vrais talents ressortent. Elle était aussi chef cuisinier, infirmière, institutrice... Je l'ai peu connue (elle habitait à l'extérieur) mais elle m'avait gardée plusieurs semaines durant une maladie de ma mère. Ma tante avait vécu quotidiennement avec elle durant une vingtaine d'années et la connaissait pas mal mieux que moi. Mais toutes les deux, nous nous étions entendu sur les mêmes points: nous l'aurions vu œuvrer dans une profession libérale, sans pousser plus loin le type de profession, ou gestionnaire dans une entreprise, voire sa présidente.
J'ai pris le relais de ma tante concernant mon autre grand-mère ainsi qu'une de ses filles, ma mère.
Ma grand-mère maternelle était une grande bourgeoise, que j'ai mieux connue que ma paternelle puisque nous habitions la même ville. Elle a eu neuf enfants mais la famille (un des grands commerces de détails du Québec, une entreprise familiale) avait les moyens de payer des bonnes. Elle avait déjà 62 ans quand je suis née et mon grand-père est décédé je n'avais pas dix (10) ans. Je n'ai jamais su ce qu'elle faisait vraiment de ses journées avant ma naissance à part le fait qu'elle ne voulait pas avoir à s'occuper d'enfants (c'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai été expédiée à une heure et demi de route chez mon autre grand-mère durant la maladie maternelle) et qu'elle faisait de la peinture à l'huile. Je présume que, très stéréotypiquement, elle prenait le thé chez l'une ou l'autre des femmes de son milieu, ce qui est une forme de réseautage. Devenue veuve, elle gérait ses placements en redoutable femme d'affaires. Ça aurait pu me donner des indices sur d'éventuelles compétences professionnelles. À date j'ai déclaré forfait. Il n'y a pas suffisamment de transparence.
Maintenant ma mère. Celle-ci aurait aimé faire les Beaux-Arts. Mais ses parents n'ont pas voulu. Par contre, dès qu'elle a pu, elle a commencé à faire de la peinture à l'huile. De la copie puis dès qu'elle en a eu la possibilité, des cours. Elle a aussi fait du macramé, qu'elle a enseigné, et de la peinture à l'aiguille. Certaines de ses œuvres ont été primées dans des concours provinciaux. Elle était très créative et avait beaucoup de talent. Dès qu'elle avait un pinceau ou du fil dans les mains, c'était le bonheur. Avec le recul, je la verrais reliée à une profession en rapport avec les arts visuels et/ou textiles. Ou peut-être l'économie domestique. À cette époque, au Québec, il y avait une profession qui s'appelait technicienne en économie domestique, qui relevait du ministère de l'Agriculture et de la Colonisation et qui a disparu dans les années 1970, quand les postes ont été coupés au gré des retraites, faute de relève. Ces techniciennes conseillaient, formaient et soutenaient les familles dans ce domaine. Elle aurait très bien pu être l'une d'elle.
Je voudrais terminer en exprimant ma gratitude d'être née dans un pays où j'ai pu faire des études universitaires, faire ma place et bien gagner ma vie de façon autonome. Où les femmes sont considérées. Et malgré une journée déjà pas mal entamée, je vous souhaite une bonne journée internationale des femmes.
Ma grand-mère, une vraie canadienne française de l'époque, a régné sur une famille de quinze (15) enfants plus un mari. Elle devait être très organisée. Elle a développé des compétences concernant les ressources humaines (assigner des tâches aux enfants pour arriver là où elle était débordée), les finances et le budget (mon grand-père était peintre en bâtiment et cherchait l'argent). C'est facile d'être un génie de la monnaie en situation d'abondance mais en situation de pénurie, c'est là que les vrais talents ressortent. Elle était aussi chef cuisinier, infirmière, institutrice... Je l'ai peu connue (elle habitait à l'extérieur) mais elle m'avait gardée plusieurs semaines durant une maladie de ma mère. Ma tante avait vécu quotidiennement avec elle durant une vingtaine d'années et la connaissait pas mal mieux que moi. Mais toutes les deux, nous nous étions entendu sur les mêmes points: nous l'aurions vu œuvrer dans une profession libérale, sans pousser plus loin le type de profession, ou gestionnaire dans une entreprise, voire sa présidente.
J'ai pris le relais de ma tante concernant mon autre grand-mère ainsi qu'une de ses filles, ma mère.
Ma grand-mère maternelle était une grande bourgeoise, que j'ai mieux connue que ma paternelle puisque nous habitions la même ville. Elle a eu neuf enfants mais la famille (un des grands commerces de détails du Québec, une entreprise familiale) avait les moyens de payer des bonnes. Elle avait déjà 62 ans quand je suis née et mon grand-père est décédé je n'avais pas dix (10) ans. Je n'ai jamais su ce qu'elle faisait vraiment de ses journées avant ma naissance à part le fait qu'elle ne voulait pas avoir à s'occuper d'enfants (c'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai été expédiée à une heure et demi de route chez mon autre grand-mère durant la maladie maternelle) et qu'elle faisait de la peinture à l'huile. Je présume que, très stéréotypiquement, elle prenait le thé chez l'une ou l'autre des femmes de son milieu, ce qui est une forme de réseautage. Devenue veuve, elle gérait ses placements en redoutable femme d'affaires. Ça aurait pu me donner des indices sur d'éventuelles compétences professionnelles. À date j'ai déclaré forfait. Il n'y a pas suffisamment de transparence.
Maintenant ma mère. Celle-ci aurait aimé faire les Beaux-Arts. Mais ses parents n'ont pas voulu. Par contre, dès qu'elle a pu, elle a commencé à faire de la peinture à l'huile. De la copie puis dès qu'elle en a eu la possibilité, des cours. Elle a aussi fait du macramé, qu'elle a enseigné, et de la peinture à l'aiguille. Certaines de ses œuvres ont été primées dans des concours provinciaux. Elle était très créative et avait beaucoup de talent. Dès qu'elle avait un pinceau ou du fil dans les mains, c'était le bonheur. Avec le recul, je la verrais reliée à une profession en rapport avec les arts visuels et/ou textiles. Ou peut-être l'économie domestique. À cette époque, au Québec, il y avait une profession qui s'appelait technicienne en économie domestique, qui relevait du ministère de l'Agriculture et de la Colonisation et qui a disparu dans les années 1970, quand les postes ont été coupés au gré des retraites, faute de relève. Ces techniciennes conseillaient, formaient et soutenaient les familles dans ce domaine. Elle aurait très bien pu être l'une d'elle.
Je voudrais terminer en exprimant ma gratitude d'être née dans un pays où j'ai pu faire des études universitaires, faire ma place et bien gagner ma vie de façon autonome. Où les femmes sont considérées. Et malgré une journée déjà pas mal entamée, je vous souhaite une bonne journée internationale des femmes.
Un portrait au pastel réalisé par ma mère en 1971.
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